Stygmate Sexy Baywatcher
Messages : 344 Date d'inscription : 06/08/2007
| Sujet: repression - liberté Ven 25 Avr - 13:28 | |
| - Citation :
- Lettre d'Ivan et Bruno depuis les prisons de Fresnes et Villepinte
> > Salut à tous les copains, à tous ceux qui ne sont pas résignés à la > situation que nous vivons : occupation policière des rues, des villes, > rafles, expulsions, arrestations, difficultés quotidiennes, dépossession > de nos vies ; cette situation qui nous pousse à céder une part > grandissante de nos vies aux chefs en tout genre, à ceux qui président à > nos destinées, au pouvoir. Si nous prenons le parti de la révolte, c'est > pour toutes ces raisons, pour retrouver le pouvoir sur nos vies, pour la > liberté de vivre. > > Nous avons été arrêtés le 19 janvier. Nous sommes deux en prison, le > troisième est sous contrôle judiciaire (il passait par là et avait le > tort de nous connaître). Nous avions en notre possession un fumigène que > nous avions fait en mélangeant du chlorate de soude, du sucre et de la > farine. Enflammé, ce mélange produit un fort dégagement de fumée. Nous > projetions de l'utiliser à la fin de la manifestation qui allait ce > jour-là devant le centre de rétention de Vincennes. Notre idée : se > rendre visible auprès des sans-papiers enfermés, sachant que la police > tenterait sûrement de nous empêcher d'approcher du centre. Nous avions > aussi des pétards pour faire du bruit et des crèves-pneus (clous tordus) > qui peuvent être disposés sur la route pour empêcher les voitures de > passer. > > Pour la police et la justice, le prétexte est tout trouvé, nous avions > les éléments pour une bombe à clous. Voilà ce dont nous sommes accusés : > > Transport et détention, en bande organisée, de substance ou produit > incendiaire ou explosif d'éléments composant un engin incendiaire ou > explosif pour préparer une destruction, dégradation ou atteinte aux > personnes. > > Association de malfaiteurs en vue de commettre un crime de destruction > volontaire par l'effet d'un incendie, d'une substance explosive ou de > tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes, commis > en bande organisée. > > Refus de se prêter aux prises d'empreintes digitales ou de photographies > lors d'une vérification d'identité. > > Refus de se soumettre au prélèvement biologique destiné à > l'identification de son empreinte génétique par personne soupçonnée de > crime ou délit. > > Ça fait froid dans le dos. Voilà pour les faits, nous allons tenter d'y > apporter une réflexion. > > Ce n'est évidemment pas au regard de ce que nous détenions ou de ce que > nous projetions de faire que nous avons été traités de la sorte. L'État > criminalise la révolte et tente d'étouffer toute dissidence « > non-autorisée ». Ce sont nos idées et notre façon de lutter qui sont > visées, en dehors des partis, des syndicats ou autres organisations. > Face à cette colère que l'État ne parvient ni à gérer ni à récupérer, il > isole et désigne l'ennemi intérieur. Les fichiers de police et des > renseignements généraux construisent des « profils-types ». La figure > utilisée dans notre cas est celle de « l'anarcho-autonome ». Le pouvoir > assimile cette figure à des terroristes, construisant une menace pour > créer un consensus auprès de sa population, renforcer son contrôle et > justifier la répression. > > C'est pourquoi nous sommes aujourd'hui en prison. C'est la solution > choisie par l'État pour la gestion des illégalismes, des « populations à > risque ». Aujourd'hui il faut enfermer plus pour plus longtemps. Les > contrôles, toujours plus efficaces, et les sanctions qui font peur > assurent à ceux qui détiennent ou profitent du pouvoir une société où > chaque individu reste à sa place, sait qu'il ne peut pas franchir les > lignes qu'on a tracé pour lui, qui l'entourent et le compriment, sans en > payer le prix. Si nous luttons aux côtés de sans-papiers, c'est que nous > savons que c'est la même police qui contrôle, le même patron qui > exploite, les mêmes murs qui enferment. En allant à la manifestation, > nous voulions crier en écho « Liberté » avec les prisonniers, montrer > qu'on était nombreux à entendre la révolte qu'ils ont menée pendant > plusieurs mois. Allumer un fumigène, tenter de s'approcher le plus > possible des grilles de la prison, crier « fermeture des centres de > rétention », avec la détermination de vouloir vivre libre. Cette lutte, > dans laquelle on peut se reconnaître, est un terrain de complicités à > construire, un lieu possible de l'expression de notre propre révolte. > > Nous ne nous considérons pas comme des « victimes de la répression ». Il > n'y a pas de juste répression, de juste enfermement. Il y a la > répression et sa fonction de gestion, son rôle de maintien de l'ordre > des choses : le pouvoir des possédants face aux dépossédés. > > Quand tout le monde marche en ligne, il est plus facile de frapper ceux > qui sortent du rang. > > Nous espérons que nous sommes nombreux et nombreuses à vouloir posséder > pleinement nos vies, à avoir cette rage au c¦ur pour construire et > tisser les solidarités qui feront les révoltes. >
> Bruno et Ivan, avril 2008
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ben
Messages : 3 Date d'inscription : 11/03/2008
| Sujet: Re: repression - liberté Ven 25 Avr - 21:50 | |
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